Les câbles sous-marins (subsea cables) jouent un rôle central dans la connexion des parcs éoliens offshore aux réseaux terrestres. Avec l’essor de l’éolien en mer (fixed & flottant) et les interconnexions maritimes à haute tension, les fabricants de câbles sont stratégiques pour la transition énergétique. Pour les investisseurs, identifier les entreprises cotées qui dominent ce segment peut offrir une exposition ciblée à cette niche technologique à forte barrière d’entrée.
Résumé rapide
- Le marché des câbles sous-marins électriques pour l’éolien offshore est en forte expansion, soutenu par la montée des parcs offshore, des interconnexions et du « power-from-shore ».
- Trois acteurs cotés dominent le segment en Europe : Prysmian (PRY.MI), Nexans (NEX.PA) et NKT (NKT.CO).
- Nexans a récemment signé un cadre pluriannuel avec RTE pour 450 km de câbles HVDC pour des projets éoliens offshore en France.
- NKT est spécialisé dans les câbles HVDC dynamiques pour offshore wind et a acquis le segment HV Cables d’ABB en 2017.
- Risques : contraintes d’approvisionnement, délais dans la fabrication & pose, pression sur les marges, concurrence asiatique.
Enjeux & tendances du segment
Croissance structurelle
- Le marché global des câbles sous-marins (électriques et de télécommunications) devrait croître avec un CAGR de ~6-7 % d’ici 2030.
- L’éolien offshore notamment génère une forte demande de câbles d’export et de collection (array cables) pour relier turbines et sous-stations, puis la liaison vers la terre (export).
- Les longueurs de câbles demandées augmentent (sites plus éloignés), ce qui accroît les besoins en capacités et rend les projets plus complexes.
Concentration & barrière à l’entrée
- Le marché est dominé par quelques grands acteurs (« oligopole industriel »).
- Les délais de production et d’installation sont longs : depuis l’attribution du contrat jusqu’à la mise en service, les délais se sont sensiblement étirés dans les dernières années.
- L’intégration verticale (fabrication + pose + maintenance) est un avantage concurrentiel.
Risques & contraintes
- Matériaux critiques (cuivre, matériaux isolants) soumis à volatilité des coûts.
- Délais et imprévus dans la pose sous-marine (conditions maritimes, contraintes géologiques).
- Normes techniques, certification, compatibilité HVDC / HVAC.
- Concurrence asiatique ou chinoise potentielle dans les matériaux ou les segments moins « critiques ».
- Risque de capacité saturée – certaines usines pourraient être surbookées.
Principales entreprises cotées & positionnement (2025)
Voici une sélection d’acteurs cotés particulièrement exposés aux câbles sous-marins dans le contexte offshore wind.
Entreprise | Ticker / bourse | Exposition à l’éolien offshore / segments | Atouts notables | Points de vigilance |
---|---|---|---|---|
Prysmian S.p.A. | PRY (Bourse de Milan) | Fabrication de câbles sous-marins de puissance, solutions offshore et pose de câbles pour les segments wind & interconnexions. | Leader mondial du câble, forte en R&D, carnet de commandes diversifié. | Endettement, pression sur les marges, dépendance à des projets à long terme. |
Nexans S.A. | NEX (Euronext Paris) | Spécialiste des câbles haute tension sous-marins pour offshore wind, interconnexions, services EPCI complet. | Récemment signé un cadre de ~450 km de câbles HVDC pour RTE pour relier des parcs offshore français. | Capacité de production à gestionner, concurrence pour les gros contrats, pressions en Amérique du Nord. |
NKT A/S | NKT (Nasdaq Copenhagen) | Fabrication de câbles sous-marins HVDC / HVAC pour les liaisons offshore wind, solutions “power-from-shore”. | Acquisition d’ABB HV Cables et desserte de marchés spécialisés. | Taille plus modeste, risque de dépendance à quelques gros contrats, pression de marge. |
Autres acteurs non nécessairement cotés ou partiellement cotés | – | Alcatel Submarine Networks (filiale télécom / câbles), HMN Tech (Chine), SubCom (États-Unis), JDR Cables | Ces entreprises dominent le côté “sous-marin / pose / réparation” dans les câbles de télécom ou hybrides, certaines avec des capacités électriques. | Beaucoup ne sont pas purement exposées au segment « électrique offshore », ou ne sont pas largement cotées, ce qui limite l’accès pour l’investisseur pur. |
Zoom sur quelques acteurs
- Prysmian : déjà reconnu comme leader dans les câbles (énergie + télécom). Le groupe a une large empreinte mondiale et une forte compétence technique.
- Nexans : la division « High Voltage & Projects » est explicitement responsable des câbles sous-marins pour les parcs offshore.
- NKT : constructeur danois spécialisé dans les câbles HV, actif dans la pose de câbles offshore.
Facteurs clefs à surveiller pour les investisseurs
Pour évaluer la qualité d’une entreprise de câbles sous-marins dans l’offshore wind, voici quelques critères à suivre :
- Carnet de commandes (backlog) – les commandes sur plusieurs années assurent une visibilité.
- Capacité de production / goulots d’étranglement – capacité des usines, équipement de pose, contraintes logistiques.
- Compétences en pose sous-marine / EPCI – si l’entreprise maîtrise la pose et l’installation, c’est un avantage (économie d’intégration).
- Marges dans les contrats long terme – certains contrats à prix fixes peuvent devenir coûteux si les coûts des matériaux grimpent.
- Diversification géographique / segments – présence sur plusieurs marchés offshore (Europe, Amérique du Nord, Asie) réduit le risque régional.
- Innovation technologique – câbles HVDC, matériaux hybrides (ex. faisceaux composites, suivi du vieillissement)
- Partenariats stratégiques / soutien gouvernemental – subventions, contrats d’État, alignement avec les politiques de transition énergétique.
Perspectives 2025–2030
- Le segment des câbles électriques sous-marins pour l’offshore wind est appelé à croître fortement, en particulier avec le déploiement des parcs flottants qui exigent des solutions spécifiques.
- La demande pour des câbles HVDC (et multi-terminaux) va augmenter pour relier les grands parcs éoliens éloignés.
- Une possible consolidation du secteur est envisageable : les acteurs les plus robustes pourraient absorber les plus petits ou émergents.
- L’innovation dans les matériaux et les procédés de pose (robotique marine, monitoring embarqué) pourrait différencier les meilleurs acteurs.
- Pour l’investisseur : une stratégie mixte entre les leaders établis (Prysmian, Nexans) pour la stabilité, et une petite allocation opportuniste sur NKT ou sociétés liées (où le potentiel de rattrapage est plus élevé).
FAQ
Q : Qu’appelle-t-on “câble sous-marin électrique” dans le contexte de l’éolien offshore ?
R : C’est un câble de puissance (souvent haute tension, parfois HVDC) posé au fond de la mer pour transporter l’électricité produite par un parc offshore vers la terre (via sous-stations offshore, puis liaison vers la côte).
Q : Y a-t-il des ETF ou fonds qui exposent aux entreprises de câbles sous-marins ?
R : Non pas spécifiquement à ma connaissance. Ces entreprises font souvent partie de fonds plus larges sur les infrastructures énergétiques, les équipements électriques, ou les technologies de transition énergétique.
Q : Est-ce un segment très risqué pour un investisseur particulier ?
R : Oui, il l’est davantage que des secteurs plus “matures”. Les risques incluent la volatilité des marges, la cyclicité des commandes, les retards de projet. Mais l’enjeu technologique et la barrière à l’entrée le rendent attractif pour du long terme.
Q : Comment comparer Prysmian, Nexans et NKT comme choix d’investissement ?
R :
- Prysmian : plus grande taille, portefeuille diversifié, plus de résilience face aux chocs.
- Nexans : position forte en Europe, contrats récents dans l’offshore wind.
- NKT : plus spécialisé, plus risqué, mais potentiel de croissance s’il capte des parts sur des niches.
Q : Quels sont les principaux risques à surveiller d’ici 2030 ?
R : l’augmentation des coûts des matières premières, les retards de pose / installation, le risque de surcapacité, et la concurrence émergente (Asie, nouveaux entrants).